L'amour en est jeté

Je suis contre l’idée d’un amour sans regret,
Je réfute l’option d’un émoi sans erreur,
Je récuse les faits des idylles sans aigreur,
Et d’autant plus sucrés qu’ils comptent de remords.
C’est vrai, l’amour foudroie quand on le mal étreint,
Le cœur du juvénile et du sénile éteint,
Mais il est des raisons que jamais il n’ignore
Et des lois que jamais il n’enfreint.
Or, on s’y aventure sans recul et sans chien,
(On) A sitôt consumé ce qui désuet devient,
Si bien que l’on se dit devant se préambule :
« L’amour est délicieux mais des fois il ondule ! »

On écrit sur l’amour couvert de molleton,
On apprend les idylles aux secondes mi-temps ;
Sachant pertinemment comme ces pavés glissent,
– On peut y déraper sur un dos de réglisse –
On ose malgré tout, au prétexte qu’on aime,
Nos mots et nos linges blancs rendus Carmen
À force de béer aux enfants de bohème,
Pour préserver nos songes grandioses
Des flirts apocryphes qui mordent, qui griffent
Et marquent les khalifes du sceau des mendiants
Indélébilement par la même occasion.

Si deux francs sont une somme, les gens n’en usent plus.
Deux francs étaient une somme qui ne vaut plus guère.
Comme valaient les amours indolents naguère,
À force de romances jamais mises à nu,
Comme changent les pièces d’argent à la vue,
Elles en coutent bien plus, aussitôt dévêtues.

Faisons l’économie des méchants engouements avec modération.
L’émoi varie, il s’avarie même, et c’est pour ça qu’on aime.

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