Occident : Souffrance au sein des sociétés



Nous souffrons des stéréotypes que les sociétés blanches nous imposent ; de la génération de clichés construits par une Europe étrangère à notre culture et alimentés par des médias de plus en plus coupés de notre réalité.

Toute démarche servant à mettre en évidence les structures fondamentales des sociétés néo-colonio-capito-libérales et les mécanismes de leur oppression est bienvenue. Cela étant dit, convenons que tout noir doit avoir le recul qu’impose la volonté de « voir clair » et l’élévation nécessaire à une autocritique constructive.

Il semble qu’avec l’Amérique, j’ai moi-même découvert que Beyonce était noire. Il me semble également que Beyonce elle-même l’a découvert très récemment. « Formation » est l’expression par une artiste mure d’une rage primaire à peine explicité, d’une indignation primordiale à peine découverte, par la récupération et le collage de formes à peine acquises. On y voit en action la fièvre adolescente des mouvements égalitaires qui, quand elle prend, amène son lot d’insoumissions et de bravades, de caractères narcissiques et égocentrés ainsi qu’une profonde tendance à l’auto vénération ; plusieurs éléments entrant dans la constitution de toute conscience noire et étant de ce fait clairement visibles dans ces mouvements.

Cette situation de transition, cet état maladif est jugé par nombreux nécessaire à la réalisation de l’humanité noire, c’est-à-dire à sa sortie du bestiaire zoologique dans lequel l’ont plongé trois siècles d’esclavage et un siècle de dévalorisation raciale et raciste ; nécessaire encore à la constitution d’une identité non plus ex-nihilo (à partir de rien), étant donné les traces indélébiles des sociétés coloniales sur l’histoire de ce qui est encore appelé à tort la race noire, mais néocoloniale c’est-à-dire en vue du dépassement de la condition d’esclavage, la conscience de celle-ci appelant à sa révolution.

Il en résulte trop souvent une succession de résistances passagères, matées, si non par la volonté des classes politico-intello-religio-médiatiques dominantes, par l’essoufflement de la flamme révolutionnaire ou par l’accoutumance à sa misère (de l’homme lui-même ou du monde) ou encore par l’amélioration de la dite condition, qui, loin d’instaurer chez l’homme fraichement sorti de son calvaire un esprit maïeutique, c’est-à-dire une volonté d’émanciper les classes populaires opprimées, crée au lieu une solidarité sans faille avec les classes supérieures à présent prétendues ses égales.
On me dira que « ce ne sont pas les discours qui ont fait avancer les droits civiques ; ce sont les anarchistes qui ont provoqué la police, ont été aspergés : tout ce qui attire l’attention de la presse ». A cela je répondrai : soyons de ceux qui écrivent les lois qui garantissent nos droits en attendant que la fièvre descende.

Il est donc de rigueur d’user de minutie, de faire preuve de talent, de redoubler d’ingénuité afin de ne pas tomber dans les mêmes travers que nos pères noirs et nos pairs blancs, d’apprendre à se résister, de ne pas faire luttes de papier mâché, ne pas céder aux tentations totalitaires, n’être pas au final sous couvert de nos révolutions des enfants qui n’en auraient pas l’air.

Tout symbole de pouvoir qu’un homme noir possède, il doit servir l’avancé concrète du mouvement de la science et vers sa liberté ; à l’avancé du droit et non de ceux qu’il sert ; non pas d’une prétendue égalité entre les races (le concept de race étant impropre et erroné, mais au combien présent dans nos imaginaires, signe qu’on est aliénés), non de cela. Il doit plutôt servir à la reconnaissance de la souffrance, de l’injustice, de l’incivilité, de l’indigence des peuples basanés en terre pâle ; de l’indignité, des ingérences, de la torture, de la défiance, de la démence des sociétés morcelées par le capitalisme fou d’un occident malade ; et de l’incommensurable méprise, de la maltraitance, de l’empoisonnement de nos eaux et nos terres, de l’emprisonnement de nos frères (pas moins sanguinaires certes — ce trait de caractère est tout à fait humain — mais parce que trop humains justement, fiers et trop ouvert de cœur, d’esprit et de frontière).

Bien que l’égalité soit un noble idéal, elle est, de toutes les utopies, la moins susceptible de naitre d’un monde où les inégalités arbitraires sont tenues pour droit et le droit d’user de la violence (physique ou morale) est tenue pour justice. Bien que la liberté est ce à quoi j’aspire je ne puis y prétendre : je ne sais (ni ne peux) ni saisir, ni briser, ce qui nous détermine… pour l’instant. Bien qu’enfin l’amitié fraternelle nous est plus que souhaitable, fait regrettable : elle a péri coulée dans le marbre de la République.

Commentaires

  1. Cher Mirion, tu décris là un problème de fond, je dirai même un problème existentiel du peuple noir bien que n'étant pas partisan de ce terme. Je suis d'accord avec toi quand tu parles d'aliénation et c'est une analyse juste car il n'existe qu'une seule race et c'est la race humaine. Je crois aussi que l'origine de ce mot nous vient du pseudo siècle des lumières qui soit disant représente la sortie de l'ignorance vers la lumière. Quand je pense aux textes des soi disant grands philosophes comme Voltaire,Hegel avec sa théorie du maître et de l'esclave, je reconnais là des textes qui sont susceptibles d'alimenter le racisme ( je parle là du racisme entre blancs et noirs).
    Les stéréotypes dont tu parles y jouent aussi un rôle mais je pense que le système scolaire même en Afrique doit être repensé et réformé. Nous avons tellement de grands esprits en Afrique comme Aimé Césaire, Matsoua, Senghor etc qui sont malheureusement mis de côté au profit de tous les savants "blancs" qui pour la plupart du temps creusent le fossé du complexe de supériorité de la "race blanche" envers la "race noire"(Hegel). A mon humble avis, l'africain doit recourir à son identité originelle et celle ci se trouve dans la pensée de notre Créateur. Pour moi la découverte de notre identité telle qu'elle est révélé par Dieu ( pour les curueux 1 Pierre 2:9) consitue la vraie liberté et il n'y a pas de liberté sans soumission. Lomar

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