La rage de X
Rien ne pouvait
arrêter la rage de X devant le concile. Il parlait depuis bientôt une heure
mais nul ne semblait en faire cas : les ouailles mangeaient. Ironique si l’on
sait que la triste attitude des convives d’Asaris ne devrait s’appliquer qu’envers
le seul Unique. Il avait observé une débauche telle que le pauvre soleil allait
de tout le poids de sa concupiscence râler entre leurs branches. « Si
votre dieu est si juste, si votre dieu est si grand, continuait-il, comment
alors permet-il que celui qui enseigne aux siens la chasteté se dévergonde ?
Des baisers des embrassades, des attouchements et des accolades, de-ci de-là,
comme en cascade ; est-ce cela que vous appelez l’amitié ? Ce soir la faim et
la soif ont ajouté à la haine le dégoût et je ne vous vois plus que comme vous
êtes ; êtres sexués, j’ai compris votre supercherie. Vous cachez vos énormes
sexes sous vos grands habits de moine et attendez que l’on vous offre une
oreille où poser votre semence. Il est fort gros votre appétit mes seigneurs ;
il transparaît sous vos soutanes. Je pardonne volontiers aux sans conviction,
mais je n’ai aucun respect pour ceux qui les emploie à cet usage ; tromper. Je dis
d’un trait toutes mes lignes, me souvenant ému votre visage béat et votre air
penaud. Comme vous donniez à l’instant l’impression d’aimer ça plus que dieu. Fussent-ils
le diable en personne, vous brûleriez ; et moi avec vous dans votre
désert. Pauvres fous, riches merdes, tristes escrocs, beaux puceaux, piètres
causeurs. Excusez ma vigueur ; vous n’êtes que des enfants mais il me faut
rentrer, à la force du verbe, en votre corps un esprit à votre taille. Cela ne
ferait pas mal si vos cerveaux n’étaient pas si noués. Alors priez et souffrez
sans cesse ; en silence. Souffrez que je vous rappelle ce que vous devez et
priez que votre dieu vous pardonne de n’avoir pas trouvé l’idylle adéquate.
L’amour sans chair lui est si cher ne saviez-vous les jouissances chastes ? Ils
étaient des enfants bien aimés de votre seigneur ; ne saviez-vous que dieu, à
sa manière silencieusement singulière condamne de profiter ainsi de sa
progéniture ? Alors priez sans cesse et souffrez en silence, le temps de votre
repentance. Bientôt, il s’arrêta ; se reposant en
se posant une seule, ultime, question : « Pourquoi je continue ? Pourquoi je continue ?
Tonna X étonné de tenir un discours que n’entend personne. Peut-être avez-vous
vrai : c’est un service à thé qui galope sur mars et de sombres ratés
galochent sur la Terre des seins de silicone en priant que Saint Pierre, pour l’amour
de leur mère, ait l’extrême obligeance de les faire entrer quand les verront
canner leurs coquettes mamans dans les bras malheureux de leurs tristes amants.
Mais aussi, si les biens et les gens cent fois plus malheureux (les chiens
faisant partie des choses qu’ils possèdent) humblement se laissent faire par
des colporteurs d’or, des cloportes d’airain devant lesquels, une fois que les prêchoir
sont clos, le Vésuve lui-même pâlirait en ardeur ; c’est qu’ils adorent le
son qu’ils font en rotaillant[1].
Alors pourquoi je mène ma barque morose aux abords du long Nil où les chenils
aboient mais la baraka[2]
passe ? A la niche, les gaemites[3]
iront se gaver des cadavres exquis que mon gosier ravive, alors pourquoi sauter
du Sol[4] à Tel-Aviv ? Je suis un ange nu, ingénu, nullissime, mais je
suis tombé car je visais les cimes. Alors, parmi les morts, tel un mortel même,
je dirais toujours, parce que je les aime.
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