Famine : la machine Afrique enraillée



Tant d’enfants affamés dans les rues mon « pays » l’Afrique, décédant des canons de leur propre patrie ; aucun pour les aider. La seule humanité qu’ils rencontrent est à l’extrémité d’une blouse aussi blanche que celui qui la porte et le riz qu’on leur tend. Tant d’enfants dévorés par la faim. Ils connaissent l’enfer sur une terre de luxure parce que leurs parents ont fait le mauvais choix – ont fait le mauvais homme ou sont sortis avec. Ils se foutrons que l’Afrique brule ; pire, ils aideront à la bruler. Parce que l’Afrique est noire du pêché qu’elle a commis envers eux.

Tant d’enfants abandonnés et de gens qui en veulent, mais du mauvais côté. C’est la triste et fatale réalité. Elle fond les temps en arme et fait pleurer les hommes, mais nous créons nos propres démons. Ces enfants bien portants pourrissent poliment sans raison, oraison, déraisonnablement ; périssent constamment sans ode ou testament, avec seulement la fin qui attend. On jette l’embryon à la rue ou la benne, vivant s’il est en vaine, découpé sinon ; si bien qu’on (pas les mêmes) se demande en peine, de nous aux enfants quelle est la différence. L’esprit, disent les uns, l’impression de souffrir ; les autres, la sensation de peine. Sans nom, sans gêne, nous sommes libres de causer leur mort.

Tant d’enfants dans les mauvais ovaires et de méthodes de contraception oubliées de nos généreux cons géniteurs. Les plus cons génitaux de tous nos congénères génèrent le plus de bêtise et le plus de bâtards. On châtrerait nos donneurs de sperme qu’ils en perdraient le cœur avec les couilles, le cortex avec le chibre et la vie avec le sang accessoirement. Mais aussi, tant d’enfants étouffés dès l’antre de leurs mères ; sans première expérience ou que la mort entoure au sein de mon pays ravagé par une AIDS que personne ne désire.

Il y a moult enfants affamés dans les rues de mon pays ­– c’est ainsi qu’on l’a nommé là-haut, parce que bien trop grand et trop beau, il effraie tellement l’Occident qu’il faudrait en concentrer la diversité sous un seul label afin de le mieux l’exploiter ; c’est-à-dire en mieux saisir la structure, presser les richesses, mieux broyer la culture et cacher la sagesse. Et mes enfants ont faim parce que les mauvais gestionnaires, leurs despotes, actionnaires majoritaires de l’entreprise de dépossession démographique, territoriale et monétaire de ma terre en ont cédé la souveraineté contre un petit pécule et un confort minime.

Ce que tous nos généreux donateurs nous redonnent en sac de riz, ils l’ont volé en kilos d’or. C’est d’une brillance telle qu’envierait Machiavel leur façons d’attirer autour d’eux tant d’insectes si férus de leur fausseté qu’ils en oublient de voir que leur malnutrition est non de la pauvreté de leur sol mais du racket de masse des produits d’une agriculture en panne sèche de culture vivrière. Nos hectares de terre cultivables sont infertilisés par leurs engrais chimiques et leurs produits malsains. Soyons réalistes ! Ils n’attendent pas de nous que nous mangions du café et buvions du coton, cela ils avaient l’honnêteté de ne pas l’attendre même de leurs précédents esclaves. Ils attendaient seulement des aïeuls ­– comme de nous – qu’ils acceptent leur condition et que, bien sages, attendent absolument tout – même une absurde salvation – de nos colons, loin de l’irrésistible tentation de marronnage.

Ils viendront dans nos bras égorgés nos enfants et traiter avec eux comme ils traitent leurs femmes. Ils viendront, s’ils ne sont déjà là, car c’est dans leur nature de dévorer les gens, qu’ils soient noirs, gris ou blancs. Ils ne vénèrent qu’un dieu : c’est l’argent ! et teinté de notre de notre sang, il est plus attrayant. Mais une question demeure en suspens : que faisaient, que font et que feront leurs parents ? Que dire de ceux qui les ont abandonnés à une mort certaine ? Il parait qu’ils avaient leurs raisons ; moi je dis qu’un parent qui ne peut élever son enfant ne devrait pas en faire, et pourtant des enfants ont faim. Les voilà dans les rues mendiant le pain de gens malsains, la bouche ensalivée, bavant, quand ils devraient remplir les rangs, les bancs, les ventres des écoles et l’Etat – c’est-à-dire nous autres qui le faisons – dévider leurs entrailles. C’est aussi par chez nous que les maladies guettent les moins à même de s’en protéger. La voilà, notre condition, car l’enfant est l’avenir de l’homme par extension.

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