Guerre : retour à la définition



Je suis un rescapé de la guerre ; et bien que je considère n’en pas avoir vécu grand-chose, devant ceux qui ne l’ont pas connu, je m’exprime avec autorité : je sais au moins ce que c’est. Des hommes assassinés, des enfants tabassés, des vieux terrorisés, j’en ai connu plusieurs ; et des femmes violées, voilées voire excisées, j’en ai rencontré cent. J’ai dû quitter ma terre, nous avons été battus, volés, harcelés par les forces de l’ordre de mon propre pays parce qu’étant de la mauvaise ethnie. J’ai connu le racisme entre les noirs et c’est pour ça que je peux le reconnaitre quand il s’exerce chez les blancs, envers les racisés, c’est-à-dire le reste du monde ; la aussi je m’exprime avec autorité. Une autorité absolue tant qu’il n’est pas établi que ce que je raconte ici n’est pas mon expérience. Et je sais d’expérience que la plupart d’entre nous se moque de la centaine de mort de la France quand ce sont des millions qu’ils ont dus enterrés. Qu’ils se sentent outragés devant l’immensité des commémorations démesurées parce qu’occidentales, quand nous mourrons dans l’indifférence entre deux attentats ; outrés devant l’affront d’avoir dû dans leur propre pays faire cas de façon collective de votre guérillette, quand aucun pays blanc n’a fait cas de leurs guerres.

La France n’est pas en guerre et ce n’est pas du haut de mon autorité que je l’affirme, ni de mon expérience personnelle, car ce ne devrait être que dans les entreprises que l’expérience est un marqueur d’exception sensé déterminer le poids des propos et la valeur des propositions ; pas dans les sociétés qu’il détermine le vrai du faux. L’expérience étant subjective, on ne doit déduire d’elle aucune vérité générale, et encore moins d’un ressenti.

Cependant, ce qui prévaut sur mon autorité n’est pas celle d’un quelconque chercheur ou d’un expert télévisuel spécialiste des sciences sociales, car c’est mon expérience qui vérifie ces thèses. Ce n’est pas non plus l’autorité divine ; parce que les dieux sont multiples, parce que le sport préféré de leurs fidèles est de palabrer sur les choses que dieu préfère et parce qu’en fin de compte, la seule autorité que dieu possède est celle que je lui donne. La seule autorité au-dessus de la mienne devrait-être la science ; la pure, la dure, la vrai. Parce que la science est impartiale, parce qu’elle sait reconnaitre ses torts, et parce qu’elle n’a pas pour objet l’étude des hommes, mais des lois, des concepts, et des réalisations des hommes. Cette science, quand elle s’est nommé linguistique a eu à cœur de fixer les règles du langage. Et dans chaque unité porteuse de sens, elle a fixé une définition. Cette définition est reconnue de tous, attendu que nous partageons le même langage et que nous utilisons les mêmes dictionnaires.

« Une guerre est un conflit armé entre États précédé généralement d'une déclaration de guerre ou un conflit armé entre populations opposées. »

Bien sur l’emploi de ces termes n’est pas figé mais il est d’importance capitale, chers journalistes, et surtout chers historiens, de signaler, chaque fois que l’on parle, quand on s’est accordé la liberté de travestir, de pervertir, un terme ou l’autre qu’on emploi. Sinon les mots finissent par ne plus avoir de sens. Ayant écrit ce texte entre deux heures trois heures trente, vous comprendrez que je n’aborde pas ici le problème de la polysémie. Je vous invite à relire ce blog pour la suite. Mais je pense que l’essentiel du message est clair : Sortez de votre affliction parce que le problème que d’autres n’y sont jamais entré.

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