Diaspora : complices ou victimes ?
Selon certains l’Afrique va bien. La « diaspora »
et les pays qu’ils réintègrent œuvrent au mieux, et lentement, les choses vont
dans le bon sens. Les jeunes de la diaspora seraient de valeureux aventuriers
revenant conquérants d’un Occident dont ils ont su, avec brio, tirer toutes les
ficelles, tous seuls et sans encadrement ; et tous ceux y ayant échoué,
des fainéants, tout simplement. C’est pour le moins contestable ! Ce propos,
souvent tenu par les membres d’une jeunesse africaine privilégiée souffre de l’autarcie
de ceux qui les tiennent – c’est-à-dire leur manque de volonté de descendre des
sommets sociaux desquels ils contemplent les villes – et de la confiance
aveugle qu’ils accordent à leur sens de l’observation. Car, bien que le retour
au pays d’un membre de la « diaspora » soit rarement à l’origine d’un
changement de paradigme (mettons d’une corruption), il n’en demeure pas moins
vrai que tout corps absolument, plongé dans un bain culturel quelconque, est
sujet à une acculturation progressive provoquant à terme chez lui une
conversion, par le système qu’il intègre, en vue de son assimilation. Ainsi,
une fois le corps rendu en sa terre, il servira de terreau à l’idéologie
dominant son territoire tout en faisant germer, en elle et sur celui-ci, les
résidus du système l’ayant précédemment ingéré. Tous ceux ayant eu l’outrecuidance
d’aller à l’encontre du processus d’assimilation, eux, se verront mis au banc
du système en question.
Ne nous y trompons pas. D’une part, la capacité
d’exploiter un système est non le fait de la nature des sociétés – systèmes dont
il est question – mais de la volonté d’un corps étranger à celle-ci d’en
exploiter les composantes sociales les plus vulnérables pour un profit
personnel. Il s’avère que dans les sociétés individualistes de masses
construites suivant le modèle occidental, ce genre d’attribut est bien souvent mis
en valeur. En vérité, agir (autant dire se complaire) dans les limites d’un
système est l’affaire la plus évidente et la moins contraignante. Se rebeller
contre sa nature délétère est le devoir de cette « classe intellectuelle »,
cependant, les richesses de l’Afrique étant à sa portée (appartements luxueux,
grosses voitures, privilèges, etc.), il ne serait pas dans son intérêt d’agir
de la sorte.
Sans tomber dans le story-telling, je peux affirmer,
pour habiter en Occident, que l’encadrement de la jeunesse africaine y est
permanent. Cela se manifeste notamment par le fait d’avoir à pointer dans une
préfecture tous les ans : lien subtil, mais présent. Les
« fainéants » dont on discute ont simplement pour la plupart un
esprit moins malléable – moins intrépide me direz-vous, mais après tout
l’Afrique n’est pas l’arche perdue. Je ne vous prie pas de me croire sur parole,
mais croire que l’Afrique se lève serrait ne pas voir (ou savoir) qu’elle est
mue par des fils invisibles ou préférer à cela son emparessement. Car le parcours sus-évoqué est non seulement celui
des hommes mais aussi des biens africains. L’affaire (récente) du pétrole
frelaté et celle plus ancienne des cuisses surgelées peuvent en attester. Je
veillerais à trouver des sources pour les moins au fait.
Alors, oui l’exploitation des êtres humains se
mondialise et nous (génération Y) sommes beaucoup trop instruits pour les
taches que nous effectuons. Oui, tout va bien pour les 10% de la population qui
se partagent la moitié de la richesse du globe mais pour les autres, la
paupérisation aidant... Tout le monde pourrait dire que « ça va » cependant,
à mon grand regret, parvenir à une véritable santé sociale n’est pas un acte
performatif.
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